Action #5

Immobility

TAKE POSITION ALONE, IN A PUBLIC SPACE, SLIGHTLY OFF THE PATH, TURN 180 DEGREES AND TAKE A STEP. FIX THE POSITION OF THE FEET AND DO NOT CHANGE IT FOR 30 MINUTES MINIMUM. MOVEMENTS OF THE UPPER BODY AND HEAD, FACIAL AND VERBAL EXPRESSIONS STAY APPROPRIATE TO THE CONTEXT. TRY TO DO NOTHING. ANOTHER PLAYER OBSERVES THE ACTION DISCREETLY.

workshop in Lausanne © Cie Yan Duyvendak

Immobilité

SE POSITIONNER SEUL.E, DEBOUT, DANS UN LIEU À ACCÈS PUBLIC. SE PLACER LÉGÈREMENT À L’ÉCART DU PASSAGE, SE TOURNER DE 180 DEGRÉS ET FAIRE UN PAS. NE PLUS CHANGER LA POSITION DE SES PIEDS PENDANT 30 MINUTES. LES MOUVEMENTS DU HAUT DU CORPS, DE LA TÊTE, L’EXPRESSION FACIALE ET VERBALE RESTENT APPROPRIÉS AU CONTEXTE. NE PAS REVELER LES VERITABLES RAISONS DE SA PRESENCE. NE PAS CHERCHER A S’OCCUPER. UN.E AUTRE JOUEUR.EUSE OBSERVE DISCRÈTEMENT L’ACTION.

Immobiliteit

POSITIONEER JEZELF, ALLEEN, IN EEN OPENBARE RUIMTE, IETS BUITEN DE LOOPROUTE. DRAAI 180 GRADEN EN ZET EEN STAP. BLIJF STAAN EN VERANDER DE STAND VAN JE VOETEN NIET MEER VOOR TENMINSTE 30 MINUTEN. BEWEGINGEN VAN HET BOVENLICHAAM EN HOOFD, GEZICHTSUITDRUKKINGEN EN SPREEKTAAL BLIJVEN PASSEND BIJ DE CONTEXT. PROBEER OM NIETS TE DOEN, ENKEL TE STAAN. EEN ANDERE SPELER OBSERVEERT DE ACTIE DISCREET.

Personal Accounts

4 Comments

  1. On entre un par un, avec un temps de décalage.
    Je me poste près des caisses. Je regarde les médicaments devant moi mais surtout l’échange qui se déroule entre le pharmacien et le client. J’essaie de voir comment leurs corps dialoguent. Mon regard est insistant. Le pharmacien est face à moi, à trois mètres de distance, et me jette de plus en plus de coups d’œil. Cette situation dure et j’ai la sensation que son regard devient plus inquiet. Il semble chercher une solution à la situation : peut être que je veux poser une question ? Qu’est-ce que j’attends ? Claire A passe devant moi. Les autres sont postés immobiles. Le regard du pharmacien circule entre ces différents évènements. J’observe moins obstinément et prend des notes sur mon téléphone. J’ai peur qu’il suspecte un attentat ou une opération dangereuse. Je vois Yan sortir et lui emboite le pas.

  2. I enter the bank. I stop opposite a photo exhibition. I turn around: now I’m facing two columns, my legs parallel to my hips. I fix my feet to the floor. My upper body remains mobile, so I can see on all sides, without any specific direction. Ok, thirty minutes to stay still. Hot flush: I feel like a real criminal. I breathe to calm myself down. Claire comes in, I feel like laughing and turn away. I hear her go to the counter and speak with the employees. I relax. Delphine comes in, they greet each other and pretend to be friends who want to open an account. I concentrate on the columns so as not to laugh. Employees pass and look at me. Claire is behind me, she asks if she can take a picture of the exhibition, the employee says no, there’s a client. It’s me. An employee comes to speak to me: « Can I help you?» « No, no thank you, I’m waiting for someone.» « You’re waiting for someone to do what?» « To open an account.» « Oh all right.». He leaves, I check: 19 minutes have gone by. I have just gained some time. I see Claire and Delphine looking at the exhibition, I feel like we are a conspiring trio. They leave. At minute 25 Delphine sends me a message on WhatsApp: « Yan stay in place another 10 minutes». A second employee passes « Everything all right sir?» « Yes, absolutely, thank you, I’m waiting for a friend who is often late, no problem!» « All right then.». Now, I feel, all the employees who go by see me, or have seen and noticed me. I’m sweating heavily. I wait 40 minutes and at the very moment Claire comes in, I leave.

  3. Nous demandons à Yan par WhatsApp de rester encore dix minutes. Cinq minutes après il nous informe que c’est dur. Je décide donc de revenir sous prétexte d’avoir oublié mon téléphone. Je rentre à nouveau dans le hall et me dirige vers les deux hommes en leur demandant si mon téléphone n’est pas resté sur leur guichet lorsque je leur parlais. Je jette un coup d’œil vers Yan qui vient de quitter les lieux en douce durant la recherche du téléphone. Je mentionne mon étonnement : « Ha il est parti, je peux prendre ma photo ! ». L’homme acquiesce. Il en profite pour se confier. « C’est inquiétant, nous étions inquiets », « Pourquoi ne pas l’avoir mis dehors ? », « Bah c’est un client, il a dit qu’il attendait quelqu’un ». « Mais bon, précise-t-il, pour nous c’est inquiétant quelqu’un qui n’a pas de sens là-dedans ». Je ressors et retrouve Yan et Delphine.

  4. Je me suis positionnée sans réaliser la signification d’une station debout devant un passage clouté, en Suisse. Les conducteurs réagissent tous à ma présence en s’arrêtant. D’un geste, je décline leur offre de me laisser traverser. Des files de voitures se forment devant le passage clouté. Les conducteurs sont agacés en général. Certains font un geste de compréhension. Une femme passe dans le sens inverse en m’insultant, la fenêtre ouverte. Les passants aussi sont désarçonnés par mes refus polis de me rendre de l’autre côté de la rue et me proposent avec insistance de passer ; l’un d’entre eux m’aborde pour me raconter sa maladie de la vue. Il a besoin de l’aide de quelqu’un pour traverser mais y va finalement seul : je n’ai pas proposé de l’accompagner. Je reste là une bonne heure. J’atteins une limite physique et quitte la rue, sans traverser ce passage piéton.

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